Mijoba(r) des Amis
David Mijoba a la bougeotte. Il a quitté le Venezuela pour Marseille, un peu par hasard – une chambre d’un ami de la famille se présentait – mais surtout pour un rêve d’enfant: faire une école hôtelière. Depuis, il a continué à avoir des fourmis dans les jambes. Je l’ai connu au café des Epices sauvant l’adresse du naufrage, on l’a vu ensuite saisonnier chez Jogging puis à la tête du CAM, ce très beau restau du club d’aviron de l’Estaque, trop éloigné pour qu’on s’y rende autant que faire se devrait (le restau est désormais tenu par un ancien de Lévy à l’Alcyone). Il faut donc saisir David là où il se trouve, et en ce moment, c’est à la Pointe Rouge.
Le bar des Amis en a marre de faire la fête et aimerait bien qu’on vienne un peu plus s’attabler. Ca c’est quand l’ami est en gueule de bois parce que l’ambiance, les gens, la convivialité, la musique, c’est un peu son truc à ce Corse. Pour autant, c’est bien à midi qu’il faut y faire un tour. Bonne ambiance à la marseillaise avec un mix de locaux et de bobos du 8, le tout sur fond de différent. LE BDA n’a pas d’équivalent à Marseille : joli décor, un air de pays basque, senteurs maritimes et belle cuisine. Mijoba transporte ailleurs. Toujours ces petits plus qui font que l’on n’est à Marseille mais pas tout à fait là. Des couleurs (une trace d’eau d’encre noire sur une tomate rouge), des ingrédients (une salicorne rôtie au beurre), des créations (une tranche de prune sur une huitre de Carteau) qui rendent sa cuisine unique. Je crois qu’elle est sans prétention mais aussi agréable à regarder qu’à manger. Les gros falafels de pois chiches surmontés d’houmous sont rendus tout croustillants par un mix de graines. La fine peau du poisson a été cuite de sorte à se transformer en croustillant aromatique (à l’estragon). Les fleurs de courgette sont farcies, comme il se doit, mais au pois chiche. On a tout de suite envie de re manger, de cuisiner, d’aller faire son marché. Le soir on retrouvera certains plats en petits tapas à grignoter à l’apéro, en écoutant René Frégni (9 juillet) ou le mix d’un DJ marseillais.
La maison se sépare de ses chefs (Mijoba part fin juillet) mais pas de son pan bagnat. Un gros machino que l’on pourrait partager si l’on n’était pas égoïste, comme on en trouve peu sur la Côte Bleue qui a malheureusement laissé ce sandwich estival aux niçois. Et puis il y a les filles de la maison: la cadette qui a abandonné Londres et le théâtre pour servir avec sourire et efficacité. Et Mélanie, à l’accent anglais, qui farcit les pan bagnat mais fait surtout un délicieux gâteau à la verveine, tout simple et si différent, lui aussi. Trish Deseine sort de ce corps! Le café est bon, le vin moins. L’ami a pourtant fréquenté la Parenthèse voisine. Mais bon… le rosé se boit comme le BDA : avec joie.