Billili : les Arlots extensibles
On en a passé des heures au comptoir des Arlots à reluquer les prévoyants qui avaient réservé, menacer les trop lents qui ne libéraient pas les tables, boire un verre debout avant de descendre une bouteille assis. Pour nous, les Arlots ont toujours été un aquarium. Alors rien que pour nous, Thomas et Tristan ont construit une piscine. Tu es rejeté du bistrot, pousse la porte d’à coté. Les patrons ont accroché les 2 prénoms de leurs filles et construit un autre comptoir. Billili accueille les apéros des Arlots, les soiffards couche tard, les piliers bar de boudins purée. Très grand comptoir, vitres arrondies, tabourets hauts, tables bistrots mais surtout cuisine ouverte! Sortir du backtage, Brachet ça lui manquait. Il a collé son plongeur, initié depuis des années, aux fourneaux et le voilà au grand jour. Les 2 garçons, passant en tablier de la cuisine à la salle, sont comme des poissons dans l’eau. La mine épanouie. Coté pile: nuque rasée de près pour réchauffer le boudin purée ou la tripe cuite sur broche. Coté face: bouille joyeuse pour déposer le plat au ricain de service collé à la jeune frenchy qui vient de finir son gamay. Les langues se mêlent, les commandes s’emmêlent, les assiettes se mélangent. On rencontre un Peter Fischer sorti exceptionnellement de sa Provence comme des habitués qui sont comme des carpes koi: ils grandissent avec l’aquarium. Terrine Billili au petit piment pickles (8€) , pâté croûte en rond (10€), tartare de mulet croustillant (12€) puis 2 plats chauds, tripes de boeuf succulentes (les meilleures de Paris après Passerini) et un boudin purée (la saucisse reste à coté) – 17€, un poil chers pour la formule… Après la sélection de bons fromages (17€), au dessert l’inénarrable mousse au chocolat à la cuillère (7€)! Evidement, tout est fait façon Arlots, rapporté à la dimension de comptoir, délicieux, canaille, gourmand. La mafia des Arlots a du talent! Si on a de la chance, on remplit la table et on partage tout. Pas de chance, on grignote joyeusement avec une quille sélection Tristan, debout. Il faut être poisson pour se glisser dès qu’une table se vide. Chez Billili, pas de résa. « Premier qui bande, premier qui baise », indique la maison.