Spoerri à Marseille
« Un coup de dés jamais n’abolira le hasard« , a dit Daniel Spoerri. Vous tirez un 2, un 4 ou un 6 et vous voilà d’un coup passé du camp des riches au camp des pauvres, ou inversement. Ce sera le principe de ce dîner Eat Art imaginé par la galerie Art-Cade vendredi prochain. Cet artiste suisse qui enterrait ses déjeuners sous l’herbe ou collait des théières sur des tables renversées, voit le repas comme une table de jeu. Provoquer le malaise, pousser les contradictions, autant de jeux qui plaisent à Spoerri qui à travers ces interventions sur la nourriture veut amener ou inciter le spectateur à réfléchir. A Art-Cade, coup de pas de bol et vous vous retrouverez à manger un bouillon de poule plutôt qu’une bisque de homard, plongé dans une bataille entre un plat du CAC 40 et une bouffe de chômeur, un lingot en or pour dessert ou une gout de vulgaire peau de banane. Transfigurer le réel, comme aime à le faire l’artiste des tableaux… Mais comme on dit que le hasard fait bien les choses, les Jnouns seront en cuisine, et pauvre ou riche, on mangera toujours bien. A leurs côtés, une historienne de l’art spécialiste du Eat Art (Camille Paulhan) et une lecture de la « Topographie anecdotée du hasard », de Daniel Spoerri, description minutieuse de 80 objets présents sur la table de sa chambre. Prolongation des réflexions artistiques sur le comestible, après les déjeuners Picasso d’Emmanuel Perrodin ou le Warhol diner de l’artiste Tabas, l’ambiance à Marseille est au mélange des genres. On mange toujours plus intelligemment. Ne manquez pas ces rendez-vous!