Un Ottolenghi pour Paris
On a tous rêvé d’un Yotam Ottolenghi et Sami Tamimi débarquant à Paris. La dream team de l’Experimental Cocktail Club aussi et nous a ramené un chouette succedané. Uri Navon & Assaf Granite sont aux couteaux et plancha de Balagan qui ouvre ce soir. Toux deux purs mix israélo-londoniens, gastro street food, ils sont à la tête du groupe Machneyuda qui a monté plusieurs concepts. Assaf est un Iron chef (arrivé 1er de la 2è saison en Israël) qui se présente comme « Buffalo, né et élevé à Jérusalem » et qui définit sa cuisine comme « israélienne rafraichie, mix entre la street food de Jérusalem et les habitudes européennes« . Quelques restaus dans son pays natal + un autre, Palomar, à Londres et le voilà désormais à Paris.
Ce joyeux bordel est donc un mix bien subtil entre une déco un peu vintage, un peu cake marbré, EEC style signée de la décoratrice maison, Dorothée Meilichzon / un comptoir à la Bocuse avec casseroles en cuivre et piments séchés / une carte tahini Ottolenghi / cocktails piment, sésame et vinaigre fusion Fish club…. Le genre de bébé qu’auraient pu avoir Ottolenghi avec Colette (la voisine à 1 rue). La carte est pleine de shisbarak, beitr, majadra, doudou et ashkenazi qui laissent aussi rêveur que le serveur au torse légèrement dénudé, tatoué LOVE aux doigts et à l’accent très gustatif. On s’en remet donc à ses explications très précises et éventuellement ses conseils. Quand on a pratiqué Jérusalem des dizaines de fois dans sa cuisine et cerné l’esprit, on pourra choisir seule. L’aubergine 1.2.3 (12€) – coeur très fumé avec queue grillée – est une bonne entrée en matière, facile et attendue. Le tartare (17€) en bi goûts cru-cuit explore de façon audacieusement le concept du parmentier de viande avec radis roses + coulis de poivron rouge et tahini. Le choux fleur frôle Miznon sans l’atteindre. Reste plein d’aventures comme cette dorade majadra (ce mélange de riz lentilles cumin qu’on trouve aussi au Liban avec de petites pâtes. Ici, joué avec boulgour) qui aurait du piquer son nom au riz de veau: car moins doudou tu meurs. Un plat extraterrestre qu’on aurait pu servir sur un bateau au long cours parti des côtes africaines il y a quelques semaines avec à son bord une bonne dose de poisson séché et de bouillon boucané (24€)! On aurait ajouter quelques coques fraichement sorties de l’eau et des moules séchées à bâbord. Les desserts eux tapent plutôt dans le british avec une étonnante glace tahini qui n’existe pas mais qui n’existe : un genre de kulfi sésame qui ne fond jamais…
Entre temps, on aura eu sur table une casserole en fer à fleurs à la Ginette Mathiot – très Israéli style se vexe le cuisinier – , croisé une jeune brune en djellabah ceinturée sandales à plume, entendu accents du sentier, côtoyé des trentenaires Tech adeptes de vin syrien et maintenant Rabbi Jacob, y va danser. Chaque table a mangé à sa façon : petits mezze (30€ la complète) pour petit couple, grand plat commun à partager pour potes décontractés, entrées puis plats individuels au comptoir… Ca boit des vins syriens, grecs et israéliens, des blancs de Catalogne ou des cocktails (excellents!) au persil. Tout à la fin, en sortant, des néons verts font un mémo pour la route : ah oui, le restau s’appelle Balagan! Un joyeux bordel sauce St Honoré très réussi.
Infos Pratiques
Balagan
9 rue d’Alger 75001 ParisTel : 01 40 20 72 14
Metro : tuileries
reservation@balagan-paris.com
Ouvert tous les jours 7h - 23h (que le soir jusqu'à mi juin)- entrées: 12.17€ - Plats 18.25€- desserts: 8.10€