Marrant cet Amarante
Manger autour de la Gare de Lyon, c’est comme aux Halles, c’est toujours un casse tête. Dersou a fermé le midi. Reste Table qui propose désormais un petit menu et l’excellent Clandestino pas cher non plus. Il faut aussi désormais ajouter à cette liste, l’Amarante! Planquée à quelques rues du TGV Marseille-Paris, ce bistrot ne colle pas vraiment à sa déco un peu rigide. Hormis les affiches de Mimi, Fifi et Glouglou qui sont toujours le signe de bonnes maisons, on hésite un peu à passer le rideau de velours lie de vin. Pourtant le linge Jacquard français et les couteaux Perceval laissent présager le bon gout maison. Effectivement, le serveur – Mouloud Haddaden, un ex du Baratin – est votre serviteur, dans un style à décontracter les plus pincés. Elégant, bistrotier et drôle tout à la fois. Le « menu du travailleur » laisse grand choix entre 4 entrées, 6 plats et 3 desserts. Ca tape dans le rustique saucisson/soupe mais la langue de veau en carpaccio révèle un style tout en finesse. Suivent dans le même registre, andouillette AAA, veau croustillant ou tripes aux olives et aussi un drôle de poulet aux panisses, ces frites de pois chiches marseillaises qui sont rarement cuisinées dans la capitale! Les filets de solettes rôtis au beurre arrivent tout alignés accompagnés d’une betterave taggiasca étonnement servie chaude. Etonnement très bon, cuisson superbe. Visiblement Christophe Philippe passé chez Eric Briffard et Anne Sophie Pic, ne plaisante pas avec ses classiques mais y apporte un raffinement qui tranche avec ce gabarit imposant de grand bonhomme généreux. Les voisins anglais se font remonter les bretelles de ne pas avoir fini leurs tripes servies sur une solide purée, visiblement digne des meilleures de la catégorie. Mais le généreux ris de veau meunière partagé avant cela a eu raison du jeune couple. On a arrosé le tout d’une excellente bouteille d’Isabelle Frère, vin nature. La carte des vins les a tous : Binner, Barral, Gramenon, Foillard, Pacalet, Dard &Ribo, etc. Ces plaisirs de déjeuner s’achèvent par un petit bout de camembert au gout de ferme apporté comme un précieux par le chef que l’on soupçonne s’être gardé les 7/8è restants. Le menu suggère à la place, en dessert, un yaourt Bordier, à croire que les travailleurs parisiens ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux du Cantal.