Chefs, la série sans coeur
« Le Barolo vous connaissez? Ca sent l’humus, la noisette, le bois fumé« . Comme ça au petit matin, c’est un peu sec mais quand c’est Clovis Cornillac qui vous le décrit dans une cuisine chaude au milieu de casseroles en cuivre rutilantes, face à une brigade béate, ça marche mieux. C’est ça que vous allez voir ce soir. Chefs, la nouvelle série cuisine de France 2 va très certainement exploser les taux d’audience. Parce qu’elle a à peu près tout réuni pour que le truc fonctionne. De la belle image, de beaux gosses, un magnifique piano, un plongeur de beau gabarit – et carrément émancipé! – de la royale de foie gras, du pigeonneau, du filet de rouget au fenouil confit, etc. Avec sa brigade au cordeau et son restau nappé, Chefs rassemble tous les bons gros attendus de la gastronomie française. Ca se passe dans un restau qui pourrait être à paris comme dans une bonne grosse ville de province – Bordeaux? – où « Mr le chef » exerce encore une cuisine type années 90 et qui, pour sauver l’affaire, doit « vaincre ou mourir » ! Chefs, c’est romantique, violent, actuel comme une fille cuisinière mère célibataire! Y’a des loub’, du cuir et des « cheveux qui puent » le graillon, y’a les trauma de la cuisine d’enfance, de la belle Peugeot 203, du sexisme, de la casserole en cuivre, des bonnes sauces, du service qui envoie, du chocolat avec de la betterave … bref, y’en a pour tout le monde. Cornillac, coaché par David Toutain qui en connait un rayon côté ambiance en cuisine, ressemble plus à un guru de la secte du choux fleur qu’à un marmiton sorti de Ferrandi mais bon… Ca manque très sérieusement de gourmandise et d’épicurisme cette cuisine clichée là mais on y croit, on marche, on s’y prend à ce Ratatouille à la sauce Michelin où le « cœur n’est pas un organe dont on fait souvent usage« .
Chefs. France2. 20h45