Autopsie d’un flan
Entier dans la vitrine, il crâne quasi tout seul au milieu des miches xxl de pain complet, kamut ou de mie feuilleté. C’est une grosse tarte très jaune, très épaisse et très cuite sur le dessus. Ce flan là est visiblement passé au four à pain. « Tiens je vais goûter le flan« , je dis au boulanger. « Ah oui ! C’est un vrai flan, sans pâte », me dit Pierre. Comme j’ai mauvaise conscience, je feins de l’acheter pour le goûter de ma fille. Je ne lui en ai jamais proposé; peut-être qu’elle n’aime pas qui sait… Parce que perso, j’adore le flan. Je me fais des bancs d’essais toute seule. C’est mon test chez les meilleurs pâtissiers. Voilà pourtant un gâteau de boulangerie ! Mais certains pâtissiers qui ont le palais gourmand en font quand même, sans la peur de se faire déclasser au rang populaire. Ainsi Jacques Génin, qui sous sa délicatesse pâtissière, garde toujours un petit côté France profonde. Son flan est totalement addictif. Chez les boulangers, c’est plus délicat. On tombe sur le pire comme sur le meilleur. Tout secs, gélatineux à mort, blindés à l’œuf. Mais bingo, à la maison St Honoré, c’est le meilleur ! Passé l’aspect jelly compact fort inquiétant, je mords franchement dans ce pavé de plusieurs centimètres tenu à pleines mains. Rien ne résiste. Le flan éclate en bouche avant de se fondre presque instantanément. On retourne à l’attaque. Aucune sensation collante ; tout est moelleux, confortable, gourmand. Ca sent les œufs frais (mais pas trop), le lait entier et la peau. Celle-ci a gratiné aux côtés des pains, mais pas caramélisé car le sucre est juste dosé. On cherche la vanille : il n’y en a pas et j’imagine que c’est volontaire. On attend la croûte, le trottoir : niet. Du coup, reste un flan, brut de flan. Il faudrait en laisser à sa fille (mince, elle aime !). Mais non !