La Coste: l’art du vin
Si on pose au vigneron la question de savoir si tout l’art qui entoure ses vignes l’inspire pour son vin, il vous répond un petit oui du bout des lèvres, parce qu’il ne faut pas cracher dans la soupe. Mais on sent bien que si à la place d’un ou deux pavillons Prouvé, Mathieu Cosse avait pu avoir des cuves béton plutôt qu’inox, il ne serait pas malheureux non plus. N’empêche, cet enfant du sud ouest a bien conscience d’avoir en Provence un des plus beau chais du monde. Et pour cause, signé Jean Nouvel! L’architecte n’a omis aucun détail pour réaliser le meilleur des vins en biodynamie avec la plus belle technologie du moment !
Le Château La Coste, en bio depuis l’arrivée de M.Cosse en 2006, a totalement basculé cette année. Le chais souterrain est naturellement climatisé. De cet alignement de cuves inox, sortent 45% de rouges charpentés, 20% de blancs sauvignon, grenache blanc essentiellement et le reste de rosés « parce qu’il y a une demande très importante » pour ces vins vineux, non techniques. Les 123 ha de vignes poussent de 0 à 360 m dans un amphithéâtre qui toise le Lubéron et le Mont Ventoux. Et au milieu des oeuvres gigantesques de Louise Bourgeois, Calder ou Tom Shannon. On prie avec Othoniel, se recueille sous Tadao Ando et on attend Franck Gehry qui ne va pas tarder à rejoindre le vignoble. Dans les deux pavillons Prouvé (bientôt ouverts à la visite), une bibliothèque sur le vin, une autre sur la cuisine. Car le Château La Coste n’oublie pas que le vin s’associe avant tout à la table (29 chambre et un gastro arrivent en 2016).
En attendant, on déjeune sous Tadao Ando. C’est malheureusement dans ce cadre idyllique que ca se corse au déjeuner. Car, fait inexpliqué à mes yeux, il est des cuisiniers qui ne savent toujours pas faire un taboulé au quinoa et cuire une black Angus (menu 32€)! En levant les yeux, on oublie instantanément l’entrecôte, et tout va mieux. Tandis que la table des anglais s’énerve sur un crumble froid et un service largué, on se laisse aller à la douce torpeur des 1ers vins rouges signés Cosse, le 2011. On glisse sur le bistrot de Tadao Ando comme l’araignée de Louise Bourgeois à la surface du bassin.