Mon japonais à la plage
Le libraire ne l’avait pas lu mais m’a dit, ça doit avoir du succès car plein de gens me l’ont demandé. Le Restaurant de l’amour retrouvé c’est en effet tout à fait le livre à emporter cet été sur la plage. S’il ne faut qu’une raison, c’est celle d’emmener avec la crème à bronzer, un petit bout des restaus japonais où l’on va toute l’année et qui finissent par nous manquer. On se ballade en compagnie d’un cochon élégamment baptisé Hermés, dans la tête d’une jeune fille qui sauve sa vie en cuisinant. Kuma raconte minutieusement chaque geste qui la conduisent à la préparation de mets uniques pour des envies particulières d’un ou deux clients vennant chaque jour dans son restaurant. 240 pages de description précise de la préparation des bouillons de bonite, des currys verts à la grenade ou de sandwichs aux fruits. Cette préciosité est parfois un peu agaçante – car tu ne prends jamais ce temps là à cuisiner entre 3 articles, deux écoles et une course au Monop – , mais à la longue, on se laisse porter par le rythme lent de ce restaurant qui ne sert que des couverts d’exception. On trouve même de la poésie à ces poires mûrissant lentement et qui finissent par « exhaler un léger parfum sucré« . On se dit qu’on cuisinerait bien nous aussi de la façon, en allant chercher le meilleur navet de la vallée, se faire offrir des champignons rares et fouiner sur internet pour dénicher des huiles d’olives précieuses. On finit par saliver sur chaque plat et rêver de s’asseoir à la table unique de l’Escargot.
On se prend au rythme de cette cuisinière qui choisit patiemment un a un le meilleur des ingrédients pour un plat unique, confectionné pendant plusieurs jours pour une personne seule qui n’a plus goût à la vie, un couple en perte d’amour, un homme qui n’arrive pas oublier son épouse enfuie. Au fil des pages de cette jeune chef qui met toute sa vie dans la casserole, se produit le miracle de la bonne cuisine sur les âmes: les uns se marient, les autres retrouvent le sourire, les derniers s’ endorment de plaisir, sur place. Les convives de l’Escargot subissent tous le même sort prodigieux des mets préparés avec amour.