Un gâteau pour faire chier les amateurs
En 1993, Pierre Hermé crée avec le designer irlandais Yan D. Pennor’s, la Cerise sur le gâteau. C’est en France une des premières rencontres de ce type entre les 2 domaines. Pierre Hermé est encore chef pâtissier de Fauchon. Il invite le designer à lui proposer « une forme simple et spectaculaire» pour un gâteau tout en chocolat au lait. Cette rencontre a abouti à la création d’un gâteau encore vendu dans les boutiques Hermé dix ans plus tard. Pierre Hermé pour qui « le goût est une recherche permanente » avait envie de faire rêver rien qu’au visuel. La forme prime ici sur le fond. Ainsi le design est pour cette fois unique la cerise sur le gâteau pour le pâtissier. Yan D. Pennor’s, qui aujourd’hui ne quitte plus Pierre Marcolini, m’a raconté cette cette collaboration unique et assez énigmatique, sur laquelle Hermé et Pennor’s s’étendent peu.
Hermé voulait « faire un gâteau pour faire chier les amateurs », se souvient Pennor’s. « On a travaillé 6 textures. La question était de savoir comment les mettre car l’idée n’était pas de les empiler. On avait les Pyrénéens en tête. C’est pas bon mais incroyable ! Hermé venait avec plein de gâteaux différents. Et là, l’idée m’est venue. Le chocolat, c’est comme le béton : ça se moule ! Les pâtissiers emballent toujours mais on ne voit plus ce qu’il y a dedans. J’ai donc aussi pensé le packaging pour que les gens identifient la Cerise sur le gâteau. La Cerise m’appartient un peu. C’était une première intervention sur un grand bazar« .
Le prix (95€!) de la Cerise sur le gâteau calme un peu. Mais il faudra ranger la Cerise sur le gâteau dans les rangs des objets de luxe, issu d’un travail entre deux personnalités brandées et vendu comme un objet d’art. Preuve que le design n’a pas encore gagné la partie en cuisine.