La grande question du lundi: où manger? Pas de poisson, les restaus qui ont travaillé samedi sont en week-end, désert bistronomique dans toute la France. Du coup, ça se bouscule chez les quelques anti « fuck it’s monday ». C’est ce qu’on se dit en poussant la porte de Biondi. Même à 20h, salle comble. Ça grouille de gens hyper contents de commencer la semaine par une bonne table. Cet esprit salutaire se répand entre les convives. Ça entre, ça sort, ça fume, ça vit. Dehors comme en cuisine. Ici on cuit presque exclusivement au charbon. Service tatoué et excité. Cuissons exactes, Fernando a grand sourire. La carte est d’une efficacité redoutable. Les plats s’enchainent: ceviche de maigre, avocat, patate douce, maïs toasté (17€) pour un aller simple direct Amérique du sud, assaisonné avec minutie. Le poulpe à la braise (18€), ferme et tendre à la fois est de folie! Puis, parce que c’est l’Argentine et parce que c’est lundi, viande obligatoire. Optons pour l’entraña (hampe) de Michel Brunon (27€), les dernières car ce fameux boucher prend sa retraite. Des chips de manioc qui l’accompagnent, toutes transparentes, nous laissent dans le terroir maison. La sauce chimichurri est du genre « chef, on veut la recette!« ; pour finir, un petit dessert léger en mousse d’agrumes (9€), même si t’en veux pas, parce que « c’est important quand même le dessert« , lâche le chef. On a bien fait. Tout en légèreté et en goûts acidulés, Biondi s’achève comme il a commencé: dans une justesse de cuisine vive, bonne et enthousiaste qui  fait oublier le bazar extérieur! Jusqu’à la fin – c’est à dire au café – tout est parfait! A 22h30, 2 bons services dans les pattes, Fernando de Tomaso rentre chez lui : « faut bien que je puisse voir ma femme« . Biondi Bar d’à coté est parti aux oubliettes d’un proprio frileux. Recentré sur son restau, l’argentin au charmant accent, refait le job et du bon job. Celui des chefs qui tiennent leurs fourneaux, organisés, généreux et dynamiques pour donner du plaisir au juste prix dans des établissements hyper cohérents. Il n’a pas dit son dernier mot …
Ndlr: et le midi, le menu Biondi défie toute concurrence dans tout le quartier!