De samedi à mardi gras: chichis, donuts et bugnes
Je n’ai pas attendu mardi pour manger gras, j’ai commencé dès samedi. Petit tour obligatoire à l’Estaque, dont le seul intérêt « gastronomique » se cantonne sans doute aux panisses (frites de pois chiches) et aux chichis. Trois petites baraques cantonnées au bord de route et spécialisées dans le mono produit à l’huile. On pense en arrivant que l’on va manger une nième version de churros, ces beignets allongés et striés comme un jardin sec. Mais il ne faut pas s’y méprendre: le chichi de l’Estaque a une forme d’étron joufflu qui tient en une seule pièce. L’histoire dit qu’il est originaire de Toulon, inventé par un certain Alexis Guglielmi, aka chichi frégi. Mais qui a des airs de ressemblance avec celui que je mangeais petite à Sidi Boussaïd. Fait de farine de blé et de farine de pois chiche, parfumé à la fleur d’oranger, il est fabriqué grâce à une énorme seringue en métal qui projette un long jet dans un grand bac d’huile. Né en rouleau, on le coupe ensuite en tronçons, et le roule copieusement dans un bain de sucre. Parfois – péchés jusqu’aux boutistes – on lui ouvre le ventre d’un coup de ciseaux pour le fourrer aussi – et non ou bien – de Nutella voire aussi de chantilly, que l’on peut aussi prendre en supplément barquette! C’est là un délice extrême que de fourrer dans sa bouche – l’idéal pour la sauvegarde de sa garde robe étant de ne pas toucher le papier – un morceau encore tiède et spongieux d’huile, de crème et de chocolat. S’opère dans la cavité buccale une espèce d’opération chimique liée au plaisir interdit autorisé – c’est mardi gras! – et du gras sucré qui glisse en soi comme pet huilé sur toile cirée. Cela pourrait virer rapidement à l’écoeurement si l’on prenait soin de Yukiser cette chose boursouflée en train de huiler nos doigts mais la nature humaine rappelle son homme au pêché de chère et l’on croque vivement une 2è bouchée, jusqu’à extinction finale du chichi frégi.
Je me suis aussi adonnée cette semaine, au lundi gras, avec des les donuts homemade vs Brontë Aurell, (dans son livre Desserts Hygge. ed First), que j’ai interprétés comme un des six préceptes du bonheur danois (le hygge, ndlr). Ainsi qu’au mardi gras, avec les bugnes annuelles de Christophe Felder. La recette étant un peu longue, je ne saurais trop une nouvelle fois, vous conseiller, d’acheter sa bible pâtissière sortie il y a 6 ans déjà (mais je n’ai toujours pas trouvé beaucoup mieux). Les bugnes y sont une merveille (à justement, ne pas confondre avec la version sèche et sans intérêt marseillaise) et on en mangerait par kilo. Allez, demain, c’est mercredi, c’est frites.