Le jour où j’ai viré vegan
« Ce qui pourrait se passer au XXIé s, c’est une dictature vegan« , menaçait l’historien Pascal Ory sur France inter le 20 octobre dernier. Le phénomène prend tellement d’ampleur que mon ex prof d’histoire pourrait vite être dans le vrai. Nos mômes, si l’on suit Nicolas Hulot qui demande un jour vegan dans les cantines, pourrait alors trouver dans le tofu leur quête de différence avec nous. Le vegan est déjà fêté mondialement depuis 20 ans. Le Vegan World Day célébre en effet tous les 1er novembre ces mangeurs qui excluent de leur alimentation comme de leur vie tout produit d’origine animale ou de leur exploitation. Né il y a 80 ans, le véganisme a depuis engendré un peuple entier d’adorateurs de carottes vétûs de seuls pétales de rose. Difficile aujourd’hui de rigoler de ces végétariens extrêmes: les gars font un ras de marrée. Pas moins de 51 millions de posts sous le #vegan sur Instagram et dans notre vie quotidienne, invasion de végan partout à toutes les sauces sans oeuf, ni lait ni surtout viande! Hier tout était design aujourd’hui, tout est vegan! Même le sexe. Si le blow job est garanti pas vegan, quid la vie pour les SM vegan cuir? Car pas vegan non plus le nerf de boeuf pour fouetter les fesses de sa véganette. Ils utilisent « des laisses en nylon et pour la fessée, rien de mieux qu’une bonne vieille main de l’homme« , nous rassure la journaliste experte Agnès Viard. Et pourtant, « nous venons d’une société carnassière: ne faut-il pas rester fidèle à nos ancêtres?« , interroge encore Pascal Ory. Peu importe mamie pourvu qu’il y ait le soja revendique la vegan society qui vit ici et maintenant. Prônant un vegan world avec de la vegan info, du vegan cheese, du vin vegan (sans levure ou gélatines d’origine animale ni collage au blanc d’oeuf …) et tout le reste mais avec rien dedans. Car le vegan s’en fout : aujourd’hui, il peut manger de tout comme nous: des Pizza Hut, des Mc do, des Knacki, du fromage (WTF!!!), des gâteaux, etc. Il va juste falloir qu’il attende un peu pour se construire des murs de nous: pas vegan le ciment Lafarge.
Le futur de la food est-il vegan?, s’interrogeait donc le cabinet de tendance Nelly Rodi en avril dernier. Avant que l’on ne zigouille nos 54 races de vaches françaises, il est temps de s’intéresser à la question si on veut survivre dans ce futur sans animal. Je me suis donc plongée avec appétit dan la bible que Phaidon vient de consacrer au sujet : Végan, le livre de la cuisine vegétalienne. Belle icono, jolis dégradés de couleurs, des centaines (500) de recettes de toutes origines (150 pays), ces 480 pages sont aussi attrayantes qu’un bon steack bien saignant. J’ai commencé mon régime hyper fort, en balançant à ma fille du tofu + des brocolis (à la sauce cacahuète). Beaucoup de boulot, énormément d’ingrédients (beurre de cacahuète, vinaigre de cidre, pâte de tamarin, gingembre, oignons, noix de cajou, ciboules, riz basmati) pour pas grand chose: le visuel, assez bouilli, ne m’a laissé aucune chance auprès de l’ado. Intéressante acidité mais bon, un bon brocolis à la crème … Par contre grand succès avec le tofu et ananas caramélisés! Et puis je n’ai pas encore éclusé les 40 recettes consacrées au fromage soyeux mais j’ai découvert comment frire la chose roulée dans de la farine de riz, comme au restau jap: essayez, les gamins adorent. Sinon, parjure à la Provence, j’ai lancé des farcis sans viande: pas mal, plus léger, mais ça manque de gras.
Bon, j’ai annoncé à la maison, finie la lemon curd pleine de beurre, désormais ce sera à la crème coco, sirop d’érable (je ne sais pas pourquoi les vegan ont toujours des sucres bizarres) et agar-agar, gâteau banane cacahuète au goûter et cheese-cake citron tofu pour les invités. Reste, un index malicieux par ingrédients, pays ou type de plat qui aide à s’y retrouver dans ce pavé et un petit prix pour la quantité de matière (même si beaucoup de tofu). Allez, j’avoue, le bouquin donne envie d’essayer plein de choses et de l’offrir à Noël aux iconoclastes: prochaine étape, le burger au steack de lentilles. Je vous tiens au courant.
Végan, lelivre de la cuisine végétalienne. Jean-Christian Jury. Phaidon. 39,95€