Cristal d’Arques passe aux années 2000
Je me souviens de reportages autour de Cristal d’Arques quand j’étais à l’école de journalisme de Lille. De ces entreprises familiales stratégiques au niveau local, qui telles un Michelin à Clermont-Ferrand, tiennent une ville – la ville d’Arques dans le Pas-de-Calais, en l’occurrence – un quartier, des générations de familles qui y ont travaillé. Je garde le souvenir d’une marque un peu ringarde née en 1968, produit luxe des années 80, la marque phare au rayon verrerie des Nouvelles Galeries. Et puis, soudainement, en 2017, Cristal d’Arques revient. « J’ai le plaisir de vous annoncer le grand retour de la célèbre marque française« , annonce un communiqué. Branchée, répertoriée par les cabinets de tendance du design, remarquée à Maison & Objets, la star des listes de mariage et des verres à pied de famille déclare prendre un virage. Effectivement, le fabriquant du nord s’est métamorphosé dans une nouvelle identité et de nouvelles collections en cristallin. Peu mais bonnes! Signées du designer interne, René Barba, elles ont opté pour le style indémodable Art déco. Des pièces d’art de la table qu’on redécouvre – comme la carafe à whisky! (mon père en avait plein) – et des polyvalences d’usage, pile tendances. Cristal d’Arques est désormais au Bon Marché, et ça c’est branché! ITW.
Qu’est ce qui motive aujourd’hui Cristal d’Arques à se réinventer?
René Barba: on n’avait pas crée de produits depuis 2009 (fin de la production du cristal à Arques, ndlr. La marque se recentre sur le verre et devient Cristal d’Arques Paris). On a voulu relooker la marque. Début 2015, le directeur marketing a voulu repenser la marque, le style et la direction dans le futur.
Pourquoi avoir opté pour ce style Art déco?
RB: c’est à la fois un goût personnel pour les années 30 que j’adore (né à Cuba, j’ai grandi en face de Manhattan, puis j’ai vécu à Miami autour de L’Art déco tropical). J’ai redécouvert l’Art déco à Paris (les Folies Bergères, le Trocadéro). Ca reste un style indémodable. Les proportions sont différentes mais on trouve des éléments d’avant aujourd’hui (le coté graphique, géométrique), dans de nouvelles matières. C’est aussi un style qui sied particulièrement au cristal avec le travail sur les facettes.
Comment faire revenir la marque de tante Monique sur le marché?
RB: les produits que nous sortons sont plus jolis, plus réfléchis et répondent mieux à la consommation actuelle (le poids en verre, des proportions plus généreuses, et toujours modernes). Avant, on utilisait un verre spécial pour chaque occasion; aujourd’hui, tout on boit du Coca dans des verres à whisky, les shots glasses servent au café et les desserts sont montés dans des verres à pied. On a du Baccarat et des trucs chinés, la vaisselle est dépareillée, tout a changé. Il n’y a plus de limite, les nouvelles générations cassent les règles des arts de la table. Nos collections montrent une autre façon d’exprimer les arts de la table. Les gammes vont d’une collection à l’autre. Un gobelet 32, un peu rond, Architecte avec un gobelet 36, plus haut, Macassar, tous vont bien ensemble mais ne sont pas pareil. Le fil conducteur? : les facettes, des pentes qui captent bien la lumière.
Ces collections réhabilitent les arts de la table, si chers à la France
RB: on a effectivement fait revenir des pièces comme la carafe, car le whisky est à la mode. Il y a une demande pour ça même si certains mettront plutôt du jus d’orange dedans. Pour le champagne, on n’a pas encore osé les coupes car la flûte reste la plus utilisée.
Reste l’apparence d’une gamme de luxe mais au prix Ikea…
RB:Oui, on n’a pas beaucoup de choix dans ce look là pour ce prix là. 9€ pour un verre que l’on dirait à 40€, le rapport qualité prix est imbattable!
Les nouvelles collections passent au lave-vaisselle et sont au Bon Marché, le Galeries Layettes, le BHV, etc.