En se promenant dans le fin fond de la France, on trouve parfois de petites pépites de bistrot qui sont d’autant plus jouissives qu’inattendues. Dans la banlieue alpine de Marseille, j’ai retrouvé un ancien de la Cantinetta parti se perdre dans la montagne avec ses recettes tueuses de linguine à la putanesca et de salade césar croustillante! Le jeune anglais a passé au Cours Ju une bonne année avant de fuir le rythme des 300 couverts jour pour le calme des alpages et des journées de 20 couverts. Après Marseille, Christopher Hartigan avait encore opté pour la ville (Embrun) mais cet hiver il a quitté Épicétou pour s’isoler dans la campagne, à quelques kilomètres de là. A Chateauroux les Alpes, il n’y a plus que le bruit de la fontaine pour le divertir et quelques excellents DJ marseillais qui viennent mixer juste pour lui le vendredi ou samedi soir. On le trouve avant le service à la terrasse de son Café des Alpes en train de se couler une petite bière bien tranquille et on voit bien sur ce visage rouquin qu’on aurait dit irlandais, que sa vie a pris la tournure qu’il attendait. Tout seul dans sa cuisine, Christopher lance dimanche soir après le service, une série de petits farcis cuits dans une sauce tomate maison bien goûtue, qui seront servis lundi son jour de congé, par Lucie, comme s’il était là quand même.
Dans ce bar de village, qui compte comme seul autre commerce, une belle boulangerie et une chouette épicerie, on mange midi et soir des buratina apprétées à saucer infiniment, artichauts frits Otto‘style, des tartares de thon légèrement asiatisant, une salade césar ultra perso chiadée dans ses sauces, ses légumes et son poulet basse température pané aux amandes! Les habitués du troquet – agriculteurs, postiers, ponts et chaussées- tout surpris de cette toute jeune cuisine, s’enfilent désormais des burgers maison avant de rentrer diner. La musique balance du bon son. Ca pêche encore un peu coté vins – avec une cuvée nature locale qui passe mais sans plus – , côté desserts – mais comme de plus en plus souvent me semble-t-il, mieux vaut se concentrer sur les entrées, créatives et alternatives – et la déco – mais le café de bric et de broc a son charme. A nul autre pareil, le Café des Alpes réussit à mixer une population locale active qui revient avec appétit dans son troquet natif, et la jeunesse estivante du lac de Serre Ponçon qui s’envoie des mix jusqu’à 1h du mat dans un village endormi.