Le dernier sel d’Oléron
Fut un temps où l’activité saline faisait vivre Oléron. Toute l’île en était couverte. Le sel oléronais s’exportait vers la Baltique et on avait construit pour cela un port d’export à Brouage. Puis, petit à petit, d’aucuns se sont aperçus que l’huître rapportait beaucoup plus gros et que les marais salants offraient de merveilleuses caves d’affinage naturelles. Dotés d’une algue verte microscopique endémique – la navicule bleue – , ils donnent toute leur spécificité visuelle aux coquillages.
Malgré tout, quelques acharnés ont décidé depuis quelques années de relancer l’activité. Pionnier en la matière, en 1997, Jean Pierre Deraedt a laissé tomber sa culture de salicorne pour le sel. Installé à la Braie dans un marais asséché car abandonné depuis la 2nd guerre mondiale, il s’est formé avec un spécialiste de Guérande à la récolte artisanale du sel. Aujourd’hui, il sait maitriser les marées qui remplissent et vident son marais pour y laisser une fine pellicule blanche à récolter à la main. Trop de pluie, et c’est la catastrophe. « Le saulnier fait partie des rares agriculteurs qui sont heureux quand il y a la sécheresse », plaisante-t-il alors que juin, trop pluvieux, n’a pas produit un grain.
Jean Pierre Deraedt est aujourd’hui rejoint par quelques téméraires salins. Un collectif, qui compte une femme en son sein, s’est formé à Sauzelles qui vise à réimplanter l’activité et même créer une école de formation. Au total, ils sont désormais 7 motivés à relancer cette activité saisonnière estivale, l’ile pourrait donc d’ici peu offrir à nouveau cette production ancestrale.