Tu verras Veyrat (ou pas)
On n’attendait évidemment pas du grand Veyrat et pourtant à Rural, Veyrat a vu tout en grand. Très grande salle, très très nombreux couverts, beaucoup de perso, pas mal de chapeaux, des kilos de pâté, des tonnes de rebleuch’, énorme jarre de sabayon de semoule et giga banquet de desserts. Envies d’intime, passez votre chemin. La nouvelle adresse parisienne qui porte la signature du chef savoyard (mais les sous de l’investisseur Moma group spécialisé traiteur, spectacle et conseil, proprio du Bus Palladium, de Manko, l’Arc, Victoria Paris, etc) en fait beaucoup, pour beaucoup. Ambiance chaises en bois designées petit chanteur à la Croix de bois, canapés recyclage de tissus de sa mère (qui a aussi donné sa recette de sabayon tandis que mémé a filé ses quenelles de brochet et le cousin les fromages) et peau de bête Ikea pour fesses délicates (déco « Mix’n Match » signée du « flamand décontracté » Lionel Jadot). Le bon goût de la Porte Maillot n’a jamais été légende. Disons donc que l’on peut venir à Rural pour s’échapper de son congrès de médecine de la reproduction, en vue de bien s’imprégner de terroir avant le concert d’Ana Moura ou alors pour un rendez-vous parisien mal placé; et somme toute, mieux venir ici que de s’essayer au menu fruits de mer d’à côté. On mange ici plutôt bien (et carrément copieux) pour 24€ jusqu’à 14h30 puis toute la journée en planches de marcheurs affamé fromages et cochonnailles (25€)
Car la maison sous ses airs folkloriques, a le sourire et se montre d’une efficacité exemplaire. En 1h30, elle vous expédie les 200 couverts de sorte que d’un coup, vous levez la tête de votre tartiflette et la salle n’est plus remplie que de couples de vieux qui ont cru pouvoir se payer Veyrat ou de businessmen encore bien en verve après leur blanquette polenta et leur resucée de tourte à la praline. On a mangé très côte à côte avec tous ces gens là sur des tables en bois, allant se promener dans un étonnant ballet organisé pour prendre son entrée au buffet d’entrées, puis son dessert au buffet de desserts. Entre temps, plats au choix tapant dans le registre nommé savoyard. Quenelles de brochet (servies en morceaux, comme détachés à la cuillère), pormonier (saucisse aux blettes et épinards, a éviter en cas de besoin de concentration intense au moment de la digestion) ou saumon poireaux. Tout est servi dans des cocottes en fonte Staub et tout est vert…. Vert sapin ou vert verveine nous annonce-t-on pour cette même sauce céladon tirant sur l’émeraude de synthèse. Je me retrouve pour ma part avec ma quenelle accompagnée de polenta face à un dilemne entre Martin Parr et Tricatel. En face, la saucisse baigne de même dans le Pantone 563C. C’est étonnant, mais finalement plutôt bon. cette nourriture faite plus pour la montagne que pour la ville ne laisse plus forcément pas de place au sucré. Mais comme la pléthore de spécialités de Savoie a été placée à l’entrée, le cerveau a depuis le départ enregistré que le gâteau de Savoie et les tartes sablées étaient à volonté. La semoule mousseuse est addictive, la crème au café très bonne. Et Hulk ruraux, nous serons jusqu’au bout: une crème verveine – même vert! – a aussi réussi à se glisser jusqu’à la fin.
mais pas forcément non plus du Veyrat de cette ampleur.
Infos Pratiques
Rural
Palais des Congrès, 2 place de la porte Maillotn 75017 ParisTel : 01 72 69 03 03
http://www.rural-paris.com/
entrée + plat: 24€, 29,5€ avec buffet de desserts