L’adresse freschissimi de Venise
Ivre de Spritz au Mezzopieno, hâtez-vous vers votre réservation (indispensable!) au Paradiso Perduto à quelques mètres de là, un peu plus loin le long du même canal Fondamenta Misericordia. A toute heure du déjeuner ou dîner, la meilleure adresse de tout Cannaregio est prise d’assaut par des hordes de jeunes gens affamés. A midi comme le soir, ça tapas et ça picole en nombre. On mange ici comme on apérote, du coup, il y a des queues dans tous les sens pour assouvir son besoin vital. Les places dehors près du canal sont chères et j’ai même vu des afficionados de chaises musicales se précipiter désespérés, envieux et plein d’espoir tout à la fois, vers une table vide mais réservée… Ceux qui ont pris leur précaution crânent égoïstement vers leur table qu’ils seront néanmoins prestement priés de libérer pour les suivants à peine leur fourchette posée.
Ce paradis perdu ne l’est pas pour tout le monde. Ceux qui connaissent cette perle d’osteria ne la lâchent plus. Anti pasti di pesce (16€) de rigueur en entrée à moins que l’on ait un faible (ce qui n’est pas mon cas sur ce plat là) pour le sucré salé et les sardines « saor » (10€), la recette typique de Venise avec raisins secs et oignons saumurés. La baccala mantecato (brandade locale. 15€) qui n’a pas fini de coller aux hanches est dans cette maison de mangeurs servie de surcroît avec une polenta. Mais on en redemanderait! Suit le dilemne, pâtes ou secondi piatti? Car vues les quantités, ça peut difficilement être les deux. Difficile de résister aux pâtes faites maison… La spécialité bigoli (gros spaghetti) torchiati in casa alla Scogliera (18€), autrement dit aux fruits de mer, est une folie dingue. Un énorme plat de mollusques « freschissimi » aux pâtes. Classée aussi dans la section, la gran zupa di pesce (18€) qui arrive directement dans sa poêle en fonte. Je n’ai pas arrêté de lorgner sur ce plat de mon voisin, jeune, venu seul! pour s’empiffrer de cette soupe à moitié mangée à la main afin d’en décortiquer les fruits de mer, et la frustration me ramènera à Venise juste pour cette zupa, c’est certain!
Inutile de vous dire qu’on zappe facilement les desserts, mais pas le vin maison- un naturel servi à la carafe à 13€ le litre, imbattable. Car une chose à savoir avant d’attaquer ce Paradiso Perduto et d’y laisser sa digestion: les assiettes sont très généreuses, notamment celles de pâtes. On a vu caler, pour la première fois de sa vie, un appétit d’Obélix.