Steaks au poivre du dimanche
Comme bien des dimanche, me reviennent aujourd’hui en mémoire les souvenirs dominicaux de mes années lycée. Le dimanche midi, mon père avait l’habitude de nous sortir du lit, vers 13h!, à coup de steaks au poivre. Sans doute était-ce la seule méthode pour nous réveiller de ces samedis soirs rythmés au bikutsi et arrosés à la Beaufort. Car on appliquait alors avec entrain le slogan publicitaire local : « Beaufort, c’est fort« ! C’était mes années Cameroun, sans doute les meilleures de ma vie! Or le Cameroun s’avère producteur d’un des poivres les plus recherchés, le Penja, produit confidentiel qui a décroché une des premières IGP africaines, en 2013. Info qui en 85 m’était complètement passée au dessus de la tête, farcie d’amours libanaises et de gazon bamiléké.
Mon père ayant disparu, je me retrouve sans la recette pour les steaks de ce midi. Il s’avère que chacun y va de son avis sur ce classique français, très prisé des ricains qui ne traduisent pas ce « steak ou pouavrre » : poivre concassé? cuit avec le steak? mis dans la poêle après cuisson (car le poivre libère des huiles qu’il faut conserver) ? flambage cognac, porto, xérès? rajout de fond de veau? Je me souviens de ces grains entiers qui libéraient sous la dent parfum et piquant à la mois, seuls capables de nous ramener à la réalité parentale. Une recette tonique à vous annuler à la première bouchée la gueule de bois. Donc pas de concassage, pas d’autre poivre que du vert frais et pas de fond de veau. Au Cameroun, ça n’existait pas! Mon père nous servait ça dans l’argenterie de la République. Ah, c’était bon les dimanche aux colonies!