Mon héritage culinaire, me vient de mon père. Celui qui s’amusait à faire des cassoulets qui devaient croûter x fois, des steaks au poivre pour nous réveiller le dimanche midi, des koucha d’agneau comme à Tunis, des babas au rhum aux anniversaire, c’était lui. ma mère elle c’était pil pil et émancipation de la femme. Utile aussi… Chez les Nieto, c’est aussi le père qui cuisine. Papa Nieto, aka Dorian, s’est retrouvé un jour au foyer face à 3 bouches à nourrir. Du coup, sa femme s’est engouffrée dans le créneau. Ca faisait 5, et voilà comment un blog a vu le jour et tout récemment « Dorian, père au foyer, 5 bouches 3/4 à nourrir » est né. Une grosse bible à moins de 21€ avec un tas de recettes accessibles  découpées en gros gloutons, ou entre amis ou petits repas du soir. Tous les jours, tous les jours, tous les jours, Dorian cuisine! C’est même devenu son métier. »La salle à manger c’est mon bureau. Mon espace de travail a un peu mangé le reste de la maison », m’a confié Dorian, « dans le salon j’ai pas une TV j ‘ai un four. Sur la table de la salle à manger j’ai un Kicthen Aid, c’est envahissant ». Comme il est assez rare de rencontrer des hommes au foyer, en cuisine, totalement assumés, j’ai voulu en savoir un peu plus. ITW avec un père tout sourire aux fourneaux.

Comment est conçu le livre?

C’est bien plus qu’un simple recueil de recettes.  On l’a conçu comme une journée. Curieusement, il commence par le sucré. En fait, il ressemble aux journées que j’avais comme père au foyer à plein temps. Je récupérais les enfants pour déjeuner, et en partant, je leur glissait dans les poches le gouter d’après midi.  Père au foyer, on imagine qu’il y a 3 repas mais c’est beaucoup plus compliqué que ça. Ce livre est aussi une manière de défendre les mères au foyer, on se trompe sur le volume de choses à faire tout au long de la journée. Il y a un tas de choses à prévoir, à préparer.

Dorian en cuisine, ça va de la quiche lorraine au millefeuilles de gavottes, en passant par le saumon teriyaki tout facile

Il y a peu de tout. Des recettes très simples et d’autres un peu plus compliquées. Tu ne cuisines pas pareil le samedi, pour tes copains ou pour ceux des enfants. J’ai souhaité que chacun trouve son niveau de cuisine ou puisse faire selon les produits à sa disposition. C’est pas du Conticini où quand tu arrives à faire ne serait-ce que l’astuce en note de bas de page, t’es content. C’est un livre pour les gens qui savent cuisiner mais également qui donne plus envie à ceux qui ont déjà un petit peu l’envie. Je ne dis jamais il faut cuisiner. Chacun fait ce qui lui plait, sans aucune obligation car la vie est déjà assez chiante pour qu’on se fasse pas en plus chier en cuisine.

Entre le soufflé peanut butter et le brownie pour glouton, tu fais pas la dentelle..

Ma cuisine est assez généreuse oui. Sur les desserts notamment, c’est un vrai parti pris chocolat : il n’y avait pas de fruits d’été pendant que je faisais le livre (rire…). L’idée c’est que on peut en manger, mais sinon, ça se régule sur la part que tu manges… Les recettes indiquées  « pour 4 ogres, c’est plutôt pour 6. Les portions, ça dépend de l’ appétit du mangeur. Après, oui,  je resterai toujours attaché à ça au beurre dans la purée. C’est ça qui fait ma cuisine, pas forcément légère même quand je fais des légumes. Sinon je m’emmerde .

Père au foyer, comment c’est arrivé?

Etre père au foyer, c’est arrivé presque naturellement. Je faisais de la socio et j’avais moins de boulot. Au début, j’ai pas fait exprès.  La maison ça m’allait bien, et me suis trouvé de plus en plus à la maison et j’ai fini par y être à 90%, pour les 3 enfants. En fait, ça a été période la plus  heureuse de ma vie. Et comme c’est moi qui occupais la place, j’ai fini par prendre tout l’espace. Ma femme ça lui arrive encore de cuisiner mais c’est dans MA cuisine. J’ai tendance à être un peu chiant, dire pourquoi tu fais pas comme ça et me faire envoyer bouler. C’est rare que j’ai envie de lâcher. Au restau ça me va parfaitement de me mettre les pieds sous la table, mais chez moi, c’est vraiment difficile d’aller lire un bouquin sans qu’à un moment, je finisse par venir jeter un œil.

On mange bien, toujours bien, toujours cuisiné chez les Nieto?

Non. Parfois quand je suis sur un truc, ça correspond pas à ce qu’il faut pour le repas du soir. J’ai eu ma période cheesecakes par exemple, j’en faisais 3 par jours donc ma femme complétait le truc pour le vrai repas (Dorian a aussi fait les éclairs). Sinon, des fois, comme tout le monde,  j’attrape un plat préparé. Je ne suis pas un ayatollah de la cuisine. Plein de gens n’ont pas le temps, si on arrive à leur donner envie c’est bien, mais il ne faut pas leur dire que les plats préparés c’est mal. J’ai voulu leur dire que même avec quelque chose de tout prêt, on peut faire quelque chose. Par exemple, en épicerie bio, on trouve de très bonnes sauces Beena Paradin. Souvent, j’en laisse sur la table et je leur dit, démerdez vous. Commander une pizza ? (blanc…), heu ça ça fait un grand grand moment que je n’en ai pas commandé.

Il fait dire qu’il y a énormément de bouffe à la maison. Si un jour il y a des restrictions,  j’ai de quoi tenir 3 mois! J’ai 2 frigos, 2 congel et des placards blindés. 2.3 riz, des pâtes de toutes les formes, des épices je sais plus où les foutre. Ca frise le monomaniaque. Y’a de la bouffe, des objets pour la bouffe, des bouquins sur la bouffe, la bouffe y’en a partout.

Quelle place tient la cuisine dans la famille?

C’est comme dans toutes les familles. Des fois, ils veulent que j ‘arrête de les emmerder, d’autres fois ils sont super contents de repartir avec 3 gâteaux chez les copains, des fois je fais des recettes avec ma fille. Y’a des hauts et des bas comme la vie d’une famille. Mais forcément, la bouffe tient place beaucoup plus importante que dans une famille normale. C’est mon boulot aussi. La salle à manger, c’est mon bureau.

Est-ce qu’eux aussi ce seront des mères et des pères au foyer avec des bouches à nourrir?

Je sens qu’ils mangent pas comme les autres ados. Régulièrement, les copains regardent nos assiettes de manière étonnée ou trouvent ça très épicé alors que les miens redemandent du piment. Dans le goût, leur curiosité et leur ouverture sont assez larges. Ce livre c’est la vie croquée, qui avance. selon leur gout et leur âge, tu cuisines pas pareil. Aujourd’hui, ils expriment leurs envies de plus en plus et je me colle dessus. J’ai 2 filles qui deviennent veggy (enfin 1, sauf quand elle est à la maison) donc je fais moins de viande mais le garçon est lui hyper carnassier. On va régulièrement ensemble à biocop regarder  les produits étranges…C ‘est bien car ça m’oblige à varier ma cuisine.

 

Dorian, père au foyer, 5 bouches 3/4 à nourrir. Dorian Nieto. Larousse. 20,95€