La Passarelle a ceci d’exceptionnel qu’elle ne sert qu’en terrasse. Une terrasse presqu’éternelle. Les beaux jours ici, c’est du 7/7 d’avril à fin octobre. L’hiver venu, la maison ferme! L’été, la terrasse ouvre. Cet automne indien se prête donc tout particulièrement à monter sur les planches de la rue à l’improbable nom de « Plan Fourmiguier ». Le restau est planqué en bas d’escaliers qui autrefois étaient d’Eiffel, au fin fond d’une ruelle déserte située au dessus du Port. Cet ancien dancing alsacien garde un air de petit coin urbain archi préservé. La terrasse est un jardin: balancelles, tables et BBQ se baladent au milieu des plantes et des fleurs foisonnantes. Une petite fontaine, un bar d’inspiration plage de Ko Phi Phi et quelques toiles cirées fleuries kitch achèvent le tableau de cette enclave d’exception phocéenne.

La Passarelle est la plus berlinoise des tables marseillaises. Un bric à brac de vaisselle et de mets. Mais attention, comme dans Soul Kitchen, on mange cool et parfaitement. Devant ces grosses assiettes de beignets de légumes (14€) ou ce généreux tartare de daurade, on oublie instantanément la ville. Ici, on propose des tartare de daurade à la nectarine (15€) et de grandes assiettes (qui justifient les tarifs) de très belles tomates (15€), des épaules d’agneau quasi entières (48€ pour 2), du maigre ou de la galinette (21€) à la polenta, du petit thon en caponata (21€), de la brousse au miel et gingembre et des gâteaux aux fruits (7€) comme à la maison.

Les légumes arrivent de chez Daniel Vuillon, le premier producteur en AMAP, basé à Ollioulles, qui dessert aussi Passedat. Les goûts sont puissants et la cuisine ne fait pas dans le détail. Le dimanche, le brunch (28€) y va à coups de daube de poulpe. Philippe manie depuis 9 ans de grandes poêles devant un grand fourneau ouvert. Le service est comme un grand brasier: actif, transpirant, vibrionnant. En repartant, on jette un oeil sur une magnifique collection de paniers à pique nique. La Passarelle en fait parfois, pour des urbains en balade, tout comme elle allume de temps en temps le grand BBQ du jardin. A ce moment là, on réserve sa partie de boules sur le terrain du bout de la terrasse.