Manger aux Halles? yes!
AG les Halles, en voilà un drôle de nom de restau. Il faut vraiment se faire accueillir par le chef pour en comprendre tout son sens. Alan Geaam a mis des années à assumer son nom. Alors aujourd’hui ses initiales sur son restaurant, cela veut dire beaucoup et c’est même plutôt touchant. Du genre autodidacte, Alan a fini par acquérir un CAP en formation adulte, devenir cuisinier par passion et finalement assumer son nom de chef au point d’en baptiser ses établissements (il en a 3). Libanais d’origine, né au Libéria, trimballé dans le monde et pas mal aux Etats Unis, il a gardé un léger accent mais peu d’orient ne transparaît dans l’assiette. Sauf un inédit Poujauran aux graines de sésame, fait sur mesure, et une petite brioche au thym libanais à trempouiller dans un et une huile de Munoz. Et quelques touches du sud assez permanentes: grenade, cacahuètes, fruit de la passion, mangue.
Ce qu’il aime Alan Geaam, c’est une cuisine gaie, colorée, métissée. A l’image de ce tartare de thon daurade betterave avocat, accompagné, dans une coquille d’oursin en porcelaine, d’une petite espuma de betterave pistaches toute rose. « Iodé, sucré, acidifié, c’est la cuisine que j’aime« , explique AG. Tous les plats sont dans les couleurs et le bel agencement. Chaque élément a été cuisiné avec attention et justesse. Le filet de canette (+ agrumes, polenta, pop corn) est gouteux, résistant, croustillant et rosé à la fois. Réussir le challenge dans un plat envoyé presto subito au dej pour 18€, c’est assez rare. J’ai succombé in fine au No cheese cake sans fromage, joli mais pas forcément mon coup de coeur du menu. Côté vins, beaucoup de choix, quelques bio, de rares natures mais les prix sont abordables. L’Anjou de Patrick Baudouin coule bien, avec une typicité particulière.
Le cochon vient de St Géry, les 9.47 sont gravés au sceau de la maison, on mange sous une très belle verrière, à côté d’une grande tablée de vieux politicards. Autant vous dire que les codes d’AG les Halles ne sont pas tout à fait ceux du Pirouette voisin, mais Tommy Gousset a désormais du solide (pour 30€) en face de chez lui. Et à l’été, la concurrence de la terrasse va être sérieuse.