East & Ober Mamma : j’aime pas
Si même dans le pire des moments d’indulgence et de recherche de bien être on n’y arrive pas, il faut renoncer! Non, je redis non à East Mamma. J’avais déjà trouvé Ober Mamma over chiant, même under cover (les RP m’avaient bloqué une table). Cette fois, c’était East Mamma sans couverture. Un lundi d’après attentats. Quand tout est fermé, qu’il pleut à Paris et que vous débarquez gare de Lyon avec l’envie de manger tout de suite. A quelques rues des rails, East Mamma se présente comme l’adresse idéale. Ce lendemain de désastre, l’attente s’avère de courte durée. Pourtant le restau est plein. Plein de jeunes gens qui défient les terrasses, dînent entre amis, boivent à deux. Chez Mamma, c’est un lundi normal. Ca m’inquiète… Mais après tout l’insouciance des uns doit nous ramener à l’absence de vie des autres. On commande. Pizza + pâtes. Et le vin???, « vous l’aimez plutôt corsé, fruité ou léger???« . Dehors, ça pisse le sang, mais ici, le monde se résume à trois mots: fruité, léger, corsé ! Le tiramisu, lui aussi sera léger (au citron) ou corsé (au café) … Au final, la bouteille de Papaveri n’est pas very good, corsée à vous râper le palais. La pizza gigantesque (Mammagherita DOP… on était prévenus) trompe l’ennemi par sa taille. Pâte épaisse, bonne garniture, 12€, mais on est loin, très loin de la Naples promise. Ces pâtes ci – crème de pecorino, petites pointes de choux romanesco, poireaux croustillants, menthe (peu visible), guanciale (13€) – sont meilleures que les pseudo truffées ou les sur cuites aux sardines de l’Ober sister. Mais pas de quoi non plus faire un Marseille-Paris pour la cause.
Côté déco, avanti popolo! Un genre de Pain Quotidien design qui hésite entre le paysano et le bling bling milanais. L’idée est d’empiler un max de couverts. On en met dans les couloirs, à touche touche au bar, coude à coude sur les banquettes. There is no business like Mamma business. Donc on est obligés de se taper à gauche la conversation du voisin qui raconte l’ouverture de son magasin de chaussures à Londres et à droite, l’engueulade du petit couple fâché après ce week end chez belle maman. Derrière, on mange en même temps qu’on instagram son plat et qu’on parle à son mec le nez dans un écran. Scène inédite à mon registre! La BO de Virgin en über décibels l’emporte sur notre conversation autour de Daech. Il faut partir, avant que la serveuse qui vend ses plats comme elle vendrait n’importe quoi, des slips en peau de mozza comme des sacs à main en cuir cirés à l’huile de Toscane, ne revienne nous proposer un dessert, un café, un double crumble (ici, tout est over je vous dis).
Il m’arrive rarement dans ce blog de faire des critiques négatives. Quand ça ne me plait pas, j’ignore. Savez-vous que quand vous écrivez « Ober Mamma, Overdose » , vous recevez illico un coup de fil de l’attachée de presse? J’ai donc comme un besoin d’étayer mon propos qui semble aller à l’inverse de l’over majorité. Le buzz de cette double adresse n’illustre que trop nos manques d’exigence. Je refuse de me contenter d’un accent italien pour donner de la saveur à ma pizza. Je réfute ces pseudo décos qui expriment à elles seules le mensonge de ces lieux. Je renonce à cautionner au seul prétexte que ça plait au plus grand nombre. Mais peut-être tout simplement que cette Mamma là n’est pas la mienne!