La belle Helen
Deux adresses de poisson coup sur coup? C’est l’effet viande cancérigène? Non, c’est vendredi! Et vendredy, c’est poiscaille. Pas vraiment parce que c’est dicté par la Loi mais surtout parce qu’ il faut absolument aller chez Helen. Si vous aimez la richesse de la mer, cette très belle adresse étoilée du 8è va vous plaire. Ici, on fait fi des beaux quartiers et on envoie du brut. On a même assisté à une scène ubuesque où deux pépettes qui ne voulaient rien de la carte ont été très élégamment priées de reprendre leur Gucci et la porte. Vous voilà prévenus. Le chef, Sébastien Carmona Porto, a le culte du poisson. »Une seule ambition: sublimer les produits« . Dès lors, la cuisine intervient aussi peu que possible. Elle choie le cru. Il y a d’ailleurs le cru puis les entrées : le carpaccio de bar au yuzu (22€) est impressionnant, slicé transparent, fondant, à peine assaisonné, mais parfaitement ; sardines excessives en taille (meilleures qu’au Plaza) complètement désarêtées d’une finesse de goût jamais rencontrée et enfin d’incroyables moules de roche d’Espagne xxL (25€) qu’il faut vraiment tenter. Toujours apeurée par ces hybrides de génomes hispaniques, j’ai découvert chez Helen un produit dingue et brut, maxi iodé, à peine étuvé! Le name droping de certains produits d’exception est bien sûr au rendez-vous: huîtres Tarbouriech, gambas de Palamos, pulpito du nord de l’Espagne.
Pour les plats, on vous présente les bêtes du jour. Rascasse (95€/kg) , mérou (58€/kg), denti, magnifiques pièces brillantes qu’il n’est pas si commun de rencontrer dans la capitale. Mais comme les prix au poids sont réservés à #lesgens du 8è, on se rabat sur la section « notre cuisine ». Craquer tout simplement sur la sole meunière à la plancha (68€) et un suquet de poisson (60€), encore un plat du sud (la version espagnole de la bouillabaisse en quelques sortes), en sauce, assez inédit, goûteux, poisson impeccable. Petit bémol sur la carte des vins, un poil trop classique pour mes goûts nature. Par contre les desserts (22€) explosent à nouveau. Gardez une mini place pour le chariot qui se balade dans l’établissement avec de succulentes tartes! On rajoute l’élégance de la vaisselle, la discrétion du service et l’on reviendrait toutes les semaines voir la belle Helen si nous en avions les moyens. Car oui c’est cher, très! Mais aujourd’hui, la belle pêche est à Paris excessivement hors de prix, un véritable luxe. Il faut rester en Normandie ou en Bretagne pour trouver du beau poisson abordable. Encore un indice de certitude sur ce beau rendez-vous marin aux Champs : Helen est l’adresse fétiche de Pierre Hermé qui la fréquente au moins une fois par semaine. Et c’est un homme qui sait manger.