Caffè Dei Cioppi, c’est fini
Fini, finito, the end! Six ans après son ouverture, le Caffè Dei Cioppi plie boutique le 17 avril. Ca mûrissait depuis quelques mois et voilà la décision est prise. Un très gros vrai faux italien ouvert juste à côté, un espace trop petit, l’envie de faire autre chose, autant de raisons qui ont conduit Fabrizio Ferrara à fermer cette adresse italienne à succès. Simone Tondo (Roseval) rachète la taule: un projet avec sa compagne à venir. Pas loin, rue Charenton, Giovanni Passerini vient de signer. Et la pizzeria di Cioppi tourne à bloc, avec de nouvelles recettes qui vont s’affiner, des panzerotti et d’autres pizzas rondes. A la Dispensa (9 rue Taylor), Fabrizio continuera de rôtir ses légumes (plats le midi uniquement) et on pourrait bien le retrouver rue des Vinaigriers quand il aura fini de « penser, prendre du recul, souffler ». Bref, le Little Italy de Paris n’est pas en déshérence. Mais moi, nous, on a un peu la boule de mozza au ventre! J’ai avalé la dernière hier soir autour d’un Barbera d’Alba trop fort (15°!) pour emporter mes souvenirs. La petite boite de la rue qui ferme c’est une page de ma gastronomie qui se tourne.
Combien de fois cette porte passée à saliver comme un chien en manque de croquette, à espérer comme un gamin qui croise ses doigts dans le dos qu’une toute petite table vient de se libérer, à retarder sa montre pour se persuader qu’on n’a pas passé l’heure fatidique de fermeture des cuisines, à supplier de manger là debout, par terre, dans la cour blanchie de gel, un plat, juste un seul en direct? Entrer dans ce sauna en hiver et adorer s’enduire de vapeur de pâtes. S’aplatir comme une limande pour se glisser entre quatre mangeurs accrochés à leur palourde. Se regonfler sur une trop étroite chaise en bois devant les légumes grillés du voisin et le détester sauvagement d’avoir fini la dernière part! Sourire, sourire!, devant une simple salade de poulpe au fenouil coupé transparent. Les entrées du Caffè, on ne les loupe jamais! Puis des pâtes, toujours: linguine, ravioli, orecchiette. Hier soir, celles aux choux, raisons secs, anchois et ricotta salée n’étaient pas les meilleures. Elles avaient le goût de l’amertume. Campée devant les fourneaux au comptoir de cet izakaya à pasta, fascinée par cette louche de bouillon rajoutée en dernière minute, quelques grains de sel lancés à la volée, des cuissons nickel, des plats gourmands mais ciselés. Attaquer la route des toilettes, tomber juste avant la porte sur des connaissances, évidemment (les bonnes adresses, on les a tous), discuter en se dandinant puis s’enfermer dans ce bac à douche de bateau. Le voyage est bientôt terminé. Après le partage d’un dernier pétillant naturel, Fabrizio a fui les adieux.
D’habitude au Caffè Dei Cioppi, je n’arrive jamais jusqu’au dessert. Pour la première fois hier, j’ai croqué le fameux sbrisolona lombard qui n’a, en six ans, jamais quitté le comptoir. Un peu sec, « noisettes, polenta » m’explique la serveuse en moitié italien. Et vous qu’est ce que vous allez faire? « Pizzeria! Ma n’est pas la même chose« . A la sortie de la ruelle, les scooters se massent devant le kiosque à crêpes galettes. Fg St Antoine bientôt Fg Montmartre??? On reprend le périph devant l’Hypercacher. Oui, quelque chose a changé…