Le dîner Dali
Cette vidéo de Gros Palais me fait sérieusement penser à mon dernier dîner de Gala… Un dîner Dali, orchestré en octobre à Marseille par l’agence ZAD avec le chef marseillais Emmanuel Perrodin. Pendant tout un repas, le chef de la Résidence s’est librement inspiré, du haut de ses deux DEA (dont un d’histoire, des fameux « Dîners de Gala », le cook book fabuleux écrit par Dali en 73 (Emmanuel m’a prêté son exemplaire mais on en trouve encore d’occasion à moins de 100€ sur Amazon). Dali et la bouffe, c’est évidemment un vrai sujet. « A six ans je voulais être cuisinière! « , disait-il. Dès le départ, la question titille le personnage dont la complexité, aime-t-il à rapeller « alimente et raffermit le fromage de gruyère total de ma personnalité« . Oeuf sur le plat, Pain sexe, le Pain français moyen avec deux oeufs sur le plat, à cheval, essayant de sodomiser une mie de pain portugaise, Portrait de Gala au homard, Autoportrait mou avec du lard grillé et j’en passe des Construction molle aux haricots bouillis… Dali ne se lasse jamais d’utiliser les termes gastronomiques pour « faire avaler mes idées philosophiques, difficiles et laborieuses à digérer ».
Edité en 1973, le livre d’art Les Dîners de Gala raconte recettes, digressions et illustrations, le tout dans le style Dali. Une ode à la grande bouffe qui démarre par un « si vous êtes un disciple de ces peseurs de calories qui transforment les joies d’un repas en punition, refermez ce livre, il est trop vivant, trop agressif et bien trop impertinent pour vous » (hihi, j’écoutais ce matin à l’écriture de ces lignes, Service Public consacré aux vegan…). Recettes presque classiques (données par Maxim’s, Lasserre, la Tour d’Argent) de saltimbocca d’escargots ou de timbales de mouton aux poireau, menus illustrés par Mucha, tables gargantuesques dressées par Dali à la Tour d’Argent, un gros pavé arty food à conserver précieusement dans sa blibiothèque.
Pour son dîner Dali, Emmanuel Perrodin n’a travaillé que sur « une idée qu’il se fait de la recette« . Un bouillon d’oeuf comme une construction molle, congre du soleil levant, un choux farci aux pigeons et de jolis tétons de venus pour finir cet hommage gastronomique à l’art et la bouffe.