Redzepi: non je ne pense pas que Noma soit le n1
Au lendemain d’un 50 Best brillamment clos par une pasta Bottura (3è au classement) pour les intimes, la France a quelque peu la gueule de bois (oui oui, moi aussi)… Les « fuckers sealer » sont de retour. Les tueurs de phoque de Noma, comme on les a une fois nommés, gardent la tête de la gastronomie mondiale. Cinq nominés seulement pour la France sur les 50 meilleurs restaurants du monde, un seul nouvel entrant –l’ovni Robuchon… – , l’Astrance et l’Arpège en piliers, exit Septime (passé de la 47è à la 52è place), Bras out (75è), la Grenouillère qui fait un bond en arrière de 30 places (82è), tout comme le Chateaubriand qui reviendra néanmoins en prochaine saison (27è mais toujours dedans. Fidèles londoniens, Inaki et Laurent ne boudaient pas leur plaisir hier soir), Ducasse 56è avec le Louis XV devant un Gagnaire proche de la sortie (92è)! Alleno qui flirtait avec San Pellegrino hier avant le verdict repart dans sa piscine Molitor quelque peu dépité. Mauro Colagreco, 11è, sauve l’honneur ! Reparti avant le verdict pour honorer un dîner important en son établissement, le franco argentin affichait sans aucun doute un énorme sourire. Ce prix arrive à point nommé pour ce bel établissement qui souffre quelque peu la délocalisation… L’Asie et l’Amérique du sud entrent donc en force dans ce palmarès 2014 des 50 Best. D’aucuns soulignent le travail de fond effectué par San Pellegrino qui, à coup de billets d’avion pour ses leaders dénicheurs de nouveaux talents, sponsoriserait très largement un lobbying dévastateur pour le « continent ». Les 50 Best Asia & Latin opèrent sans nul doute un efficace travail de défrichage. Histoire de se donner bonne conscience, San Pe soutient cette année le Bocuse d’Or. Coincés par des investissements souvent lourds (démesurés?), des charges certes importantes et une crise quasi générale, les chefs français voyagent moins, se montrent peu, paradent moins dans les raouts internationaux qui comptent. « On n’a pas leurs moyens de communication», soulignait Alexandre Gauthier. Effectivement. Bien que revendiquant une culture gastronomique multi séculaire, la cuisine française ne peut s’appuyer sur quasiment aucun soutien politique. A l’instar d’un Danemark où le gouvernement pousse délibérément ses chefs ou d’un Languedoc Roussillon qui n’hésite pas à emmener ses chefs de par le monde (pour rappel Bras, Redzepi sont passés par les cuisines des Pourcel…), personne ne porte haut les couleurs bleu blanc rouge. Seul un Alain Ducasse rue dans les brancards pour tirer la « G »astronomie nationale. Et tout en critiquant la bête à concours que sont les 50 Best, les Français continuent à pleurer sur leurs étoiles. Ils n’ont de cesse d’en référer au Michelin. Je ne veux pas ici défendre ce concours à casseroles San Pellgrino– les dés sont bien sûr pipés (grosse interrogation sur qui sont les 30 du jury français par exemple) – mais il reste néanmoins révélateur de tendances. De retour de Barcelone, je constate que plutôt que de râler, les chefs français devraient innover.
Reste donc une Asie active, une Amérique du sud dynamique et un Redzepi très très heureux, fier, humble, enthousiaste, partageur. « C’est un moment incroyable, une super surprise. Savourons-la », a confié le n°1 à l’issue d’une très longue conférence de presse . « Non je ne pense pas que Noma soit le n°1. Selon ces gens oui mais il n’y pas de vérité absolue ».