Deux femmes en Lirac
Je profite de la journée de la femme pour vous parler d’une petite appellation que j’ai (re)découverte à travers deux d’entre elles. Deux femmes de sérieuse personnalité qui en Lirac font un chouette boulot. Deux vigneronnes qui défendent ce petit bout de vigne coincé entre le prestigieux Chateauneuf du pape et le pauvre Tavel, que les voisins de Chateauneuf commencent à lorgner très sérieusement. 750ha rassemblés sur 4 communes et 50 domaines. 20% de bio, 57% des vins exportés, 70% de rouge, pour une appellation née en 47. Lirac c’est aussi le terroir de la truffe dont je vous ai longuement parlé cet hiver. Une jolie petite appellation qui travaille la minéralité et des blancs, tout particulièrement, de forte personnalité.
L’une arrive un peu timide mais avec une solide histoire familiale dans le vin. L’autre un look plus coloré, communicante et curieuse, comme son vin! Elles ont comme par hasard ce jour là, toutes deux un foulard kaki et un grand sourire de femmes épanouies qui ont trouvé leur équilibre dans ce métier, dans ce travail de la plante au verre.
Isabelle Boulaire (à droite)
On a attaqué la vigne depuis 12 générations chez les Boulaire! 1585 pour être précis. La jeune Isabelle a lâché la son job de comptable pour continuer l’histoire du Mas Isabelle, il y a dix ans. Tailler, bourgeonner, élaguer, creuser, la miss se débrouille seule. Une sélection minutieuse de parcelles à faible rendement dont certaines choisies tout particulièrement pour leur caractère minéral, vendange triée et exclusivement manuelle, vinification traditionnelle et la plus naturelle possible. Sa 1ère cuvée Grand Roc est sortie en 2009. Particularité d’Isabelle: mange sa viande rouge très, très cuite.
Marine Roussel (à gauche)
C’est le « tiré à part » de Lirac. Ardente repreneuse du domaine familial crée en 64. Il y a 20 ans, cette graphiste a quitté la ville pour revenir sur ces terres, surprise elle même de trouver son épanouissement dans un métier qu’elle avait toujours vu hyper tradi. Depuis, elle travaille ses 32ha . Elle s’arc-boute sur ses confrères qui nourrissent la vigne au goute à goutte, sur l’aride et magnifique plateau des galets. Elle qui souhaite un sol « le plus autonome possible ». Son père se retournerait dans sa tombe de voir son domaine atrophié par le bio. Ou pas. Elle se le demande. Marine Roussel en tout cas, sûre de sa voie, lutte, milite, ardemment pour le vin nature, la bio dynamie même! Membre active de Biodyn Dingues Donc!, elle prêche la parole Demeter. « Question d’équilibre, d’avoir un quotidien qui me ressemble ». Toutes ses cuvées ont le même esprit mais elle joue avec les cépages. Des vins marqués, gourmands (malgré l’aridité) comme aucun autre en Lirac, secs pour les blancs, aromatiques mais pas trop, ronds mais caillouteux pour les rouges. Particularité de Marine: ne souhaite pas ce travail « dur, très dur« , à ses enfants
Marine Roussel sera au salon des Vignerons Polytechniciens du 16 Mars à Paris