Petite, le Train Bleu était mon restaurant favori. Mon père qui habitait en Afrique m’ emmenait régulièrement. Je n’avais pas remis les pieds dans ce restaurant de voyage depuis une vingtaine d’années. Mais quel plaisir d’arriver de Marseille, attendue au bout du quai et conduite aussitôt en haut des marches. Le Train Bleu est l’adresse parfaite du dimanche midi ! On y brasse autant de voyageurs que de belles mères flattées de déjeuner avec le curé. Vue Paris ou vue gare ?, interroge le maître d’hôtel. Evidemment, il faut choisir les quais. La banquette est immense, la carte encore plus. On peut se cacher derrière pour observer la valse des Delsey à roulettes, le passage de sacs Vuitton et le défilé des robes Bonpoint. On a perdu l’habitude d’avoir de l’espace sur table ! Nappage impeccable et argenterie de rigueur. Au plafond, la Meige, Sousse, Alger…

Dimanche oblige, foncez sans hésiter sur le gigot d’agneau rôti (+ gratin de pomme de terre à la fourme d’Ambert. 35€). Les bestioles arrivent à bout de bras toutes les 10 mn pour une découpe en salle. Le charriot roule de table en table plus vite qu’un TER. Le maitre d’hôtel, Christophe, dans la maison depuis 13 ans, veille sur tout : verre de vin ici, fourchette manquante là, madame mal placée, le vestiaire de monsieur, « vite », etc. Les gens pressés qui vont « rater le train si ça continue » payent l’addition avant que leurs plats n’arrivent. Le menu express est garanti 45 mn, comme si la cuisine était calée sur les horaires SNCF. L’adolescente trop maigre pour cette carte de tradition, avale péniblement une salade face à son père, élégant, valise au sol, qui redemande un verre de rouge. Il repart ou c’est elle ? Gigot passe, gratin trépasse (trop de fourme). Dommage : plus de place pour la traditionnelle mousse au chocolat (17€). N’oubliez pas les toilettes : lucarne entrouverte sur toute la gare de Lyon qui donne l’impression de jouer dans un film d’espionnage. Puis café, Nespresso ! et soudain l’histoire, la grande brasserie, le buffet de la gare Paris-Lyon, ne sont plus. Mince alors !!! Peu importe, je veillerai désormais à n’arriver que le dimanche midi de Marseille !

 Le Train Bleu

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