C’est l’adresse où il faut aller avec un marseillais. Un parce que la route est longue et pendant les 3/4 d’h où gargouille votre ventre, il vous racontera les petites histoires des iles de Riou, Maï et consors. Deux, parce qu’arrivé chez le Belge, c’est la guerre et là ya que les marseillais qui savent jouer.
L’histoire c’est que ce cabanon de bord de mer est à 1h de toute civilisation et n’a ni téléphone ni WC. On est aussi priés de repartir avec ses déchets. Donc le scénar habituel du dimanche ensoleillé, c’est : on décolle vers 12h30, au mieux, 14h au pire, et on arrive là bas après un parcours sublime l’estomac dans les talons. Et comme on sait, quand les gens ont faim ils deviennent agressifs. Car toutes les tables sont en fait occupées soit par des super lève tôt plein qui baffrent avec toute leur marmaille soit des super privilégiés qui sont arrivés en yooot par la mer. Saouls comme des balais, ils n’ont aucune intention de vous laisser leur table avant d’être aussi roses que leur 5è bouteille!
Le serveur marseillais qui en est déjà à sa 60è côte de porc n’a lui absolument aucune envie de ressortir le moindre nouveau bout d’os du congelo. On s’assied quand même. ET là faut attendre: « asseyez vous si vous êtes patients » (avé l’accent). Inutile d’invoquer les mômes, la femme enceinte ou l’inanition imminente… Au bout d’ 1/4 on veut bien être patient, mais pas assoiffé. Le rosé extrait du cubi arrive assez vite. 1/2h plus tard, à la 2è commande de rosé on esquisse une faim éventuelle : « heu, s’il vous reste des bolo, on est preneurs... ». Et 10 mn après comme le serveur repasse on se prend un « ohhh, mossieur (avé l’accent fois 2), y’en a ca fait unnnee heure qui zattendent alors vous vous venez d’arriver. »
Et c’est donc là qu’il faut être avec un marseillais qui va lui envoyer sur le juste ton, mi jovial, mi agressif  « ohhh tes nouilles, on n’en a rien n’à carrer. On va pas se prostituer pour tes bolognaises hein. Tiens j’en veux plus même de tes spaghett« . Et voilà: 10 mn après le méga plat unique arrive sur table, les glaçons, le rosé, la mer est toujours là. Il est 16h et on se régale comme ces corned beef que l’on trouve excellents après 4h de marche.