Retour au Corbusier
Tout juste un an que je n’étais pas revenue au Ventre de l’architecte. J’avais décidé d’oublier ce lieu magique et ses mauvais souvenirs. Notamment ceux d’une cuisine prétentieuse qui gâchait et l’assiette et le Corbusier. L’arrivée d’un nouveau chef laissait de nouveaux espoirs de retrouver le 3è étage de la Cité radieuse.
Le restau a récupéré l’espace de la petite réception de l’hôtel et donc une jolie petite salle. On marche sur un parquet années 50, on mange sur les tables de l’architecte et on écoute…. un genre de Fun radio ! Comme bien souvent, l’ambiance sonore est complètement à contresens du lieu…Dans cette architecture, la FM parait presque indécente.
Le bar et la cave installée à même la salle ont changé de place. On se déplace toujours pour choisir son flacon, selon l’étiquette ou le prix, question d’éthique. Plageoles, Breton, un Bellet, un seul Cassis, un Condrieu… le choix est restreint mais plutôt de qualité, orienté par les conseils totalement improbables d’un sommelier qui insiste pour accompagner d’un rouge un menu visiblement de légumes et écumes. Ce sera la Dilettante de Pierre et Catherine Breton qui « nous emmènerait jusqu’au bout de la nuit » nous annonce le personnage ! Ah ! Le menu est unique, un peu comme le sommelier.
Avant le premier verre de blanc, déboule le premier amuse. Une soupette de potimarron, quelques croûtons, plutôt bon. Le Breton arrive enfin et on enchaîne sur un défilé de mini plats, tous plus miniatures les uns que les autres. La curiosité commence à se réveiller, la critique à sourire. Et devant une corolle de carottes jeunes et pourpres, on s’intéresse au nouveau. Sommelier, serveur, personne ne sait. « Il a travaillé chez un milliardaire à Avignon ». On va voir en cuisine, on revient dépité : pas plus d’infos si ce n’est un nom : Alexandre Mazzia. On continue donc à vous servir une cuisine dont on ne sait rien… Arrivé début décembre, le garçon a en fait fréquenté Hermé (du temps de Fauchon), Passard et Bras…Le monochrome, le végétal, le peu cuit s’expliquent d’un coup.
Les portions de dînettes – toutes jolies – moins…. Si ce n’est que c’est peut être à force de manger chichement que le milliardaire devient milliardaire. Purée de choux fleur, choux romanesco et kumquat alternent avec bouillon et sorbet de roquette (ensemble). Sous un tartare de St Jacques, une aubergine cuite à blanc, légèrement rémoulade, fameuse et fondante d’huile à la vanille. C’est toujours trop juste, trop minutieux peut être, pour que l’on ait vraiment le temps de se plonger. Mais reste de délicates associations, un sorbet de betterave, une délicieuse glace de panettone, et une tentative réussie de dessert avocats clémentines (en salle, personne n’a osé. Dommage). S’il se met aux portions marseillaises, le Ventre de l’architecte pourrait bien à nouveau rebondir || M 24-69 €
La Cité radieuse | 3ème rue. 280 Boulevard Michelet | 13008 Marseille |04 91 16 78 23 | F dim & lun